La fille d'un pasteur, une vierge champêtre,
Dans le fond d'une rose, un matin du printemps,
Le trouva nouveau-né.
Le sommeil entr'ouvrait ses lèvres colorées.
Elle saisit le bout de ses ailes dorées,
L'ôta de son berceau d'une timide main,
Tout trempé de rosée, et le mit dans son sein.
Tout, mais surtout les champs sont restés son empire.
Là tout aime, tout plaît, tout jouit, tout soupire ;
Là de plus beaux soleils dorent l'azur des cieux ;
Là les prés, les gazons, les bois harmonieux,
De mobiles ruisseaux la colline animée,
L'âme de mille fleurs dans les zéphyrs semée ;
Là parmi les oiseaux l'Amour vient se poser ;
Là sous les antres frais habite le baiser.
Les Muses et l'Amour ont les mêmes retraites.
L'astre qui fait aimer est l'astre des poètes.
André Chénier
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